Quand ELLE célèbre les femmes… mais pas toutes

Cet été, le magazine ELLE a sorti quatre hors-série pour fêter ses 80 ans.
Il y retrace sa présence dans la vie de ses lectrices de 1945 à aujourd’hui.
Malgré le thème abordé : l’histoire des femmes, j’ai beaucoup hésité en voyant les 2 premières couvertures et…

À quoi je m’attendais ? 

Dans les années 90, la femme noire était déjà peu représentée dans les médias.
Et dans ces archives, elle existe à peine.
Malgré ma déception, je voulais en savoir plus.
Disséquer chaque page, chaque photo pour en faire un article.
En l’achetant, je savais déjà que j’écrirais sur les mannequins noires dont on parle peu.

Woman’s World

Retour vers le passé

Je n’avais jamais encore vu à quoi ressemblait un magazine de mode après la guerre.
Des sujets qui auraient fait polémique aujourd’hui : comme un tuto pour entretenir les chemises de son époux ou des conseils pour bien élever ses enfants étaient traités avec tant de…légèreté !

En bref, la femme était encore cantonnée à son rôle de ménagère dans les années 50.
Elle reste élégante même dans la cuisine ou avec une pile de linge dans les bras.
ELLE retrace fidèlement son évolution au fil des ans : ses droits (avortement, salaire, IVG)
et son émancipation par leur corps et leur style.

Le manque d’hygiène

L’article qui m’a le plus choquée ?
Celui sur la propreté des Françaises — un sujet que l’on pensait être lié à la tuberculose et à d’autres maladies vénériennes.
Seulement 10% des foyers disposaient d’une salle de bains.
Et pourtant, les femmes ne s’intéressaient pas à l’hygiène.
Certaines voyaient même un certain charme à la saleté. (Jesus !)

Pinterest

Et la mode dans tout ça ?

Les articles de mode ne manquent pas.
Dior et Chanel partageaient régulièrement leurs croquis, offraient des patrons,
partageaient des conseils de style et de développement personnel.
Sûrement une stratégie pour créer du lien avec les lectrices peu importe leur rang social. 

La révolution des années 60

Si l’après-guerre prônait le chic et la sobriété, les années 60 sont synonymes d’audace et de liberté.
Les collections de Dior se réinventent.
La mode devient un langage générationnel – et ELLE s’en fait le porte-parole.
Les matières se diversifient : métal, coton, vinyle. Les jupes raccourcissent.
La couleur s’impose dans tous les domaines : beauté, mode, déco.
La femme est PARTOUT. Elle revendique ses droits.
Elle est libre de ses choix, de son corps, de sa vie.
Et ELLE la guide.

Who What Where

Ce qui m’a bouleversée 

De nombreuses femmes expliquent leur difficulté : solitude, manque de reconnaissance
dans le monde professionnel, poids du quotidien.
Mais c’est le témoignage d’une jeune femme de 32 ans, bouleversée par l’annonce de sa 6ème grossesse qui l’éloigne de son rêve de terminer ses études, qui m’a le plus touchée.

Qu’en est-il aujourd’hui ? 

Nous avançons à reculons.
Nous luttons toujours pour nos droits, pour que notre parole soit prise au sérieux.
Pour avoir un salaire juste et équitable.
Mais depuis la montée de l’extrême droite et l’interdiction de l’avortement dans certains états américains, je ne sais plus quoi penser.

Aussi, les influenceuses Trad wives – ces femmes qui prônent le retour aux rôles traditionnels – séduisent les plus jeunes. Quant aux esthétiques Old Money et Quiet Luxury, aussi élégantes soient-elles,
elles véhiculent aussi des récits chargés de sens. 

Faut-il acheter cet hors-série ?

Oui, si tu es passionnée d’histoire.
Si tu veux plonger dans des archives authentiques, lire des témoignages bruts, sans censure.
Cet hors-série est un véritable voyage à travers le temps – dur, mais touchant.
Il m’a rappelé combien je suis chanceuse d’être née dans les années 90, où les femmes
étaient plus libres qu’en 45. 

Non, si tu attends de la diversitédu moins pas avant le dernier numéro.
Ce sont souvent les mêmes icônes qui sont mises en avant : Bardot, Birkin, Deneuve.
Nous avons aussi eu Mounia Orosemane, Kathy Jean-Louis, Noémie Lenoir et bien d’autres encore.
Mais ce n’est pas la première fois que ELLE est critiqué pour son manque de diversité dans ses couvertures. Même constat pour Vogue France où il faudra attendre 1988 pour voir Naomi Campbell en Une.

Je ne désespère pas de voir plus de diversités dans la Une des grands magazines de mode français, ainsi les prochaines générations se reconnaîtront enfin et applaudiront leurs icônes.




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